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Howdy / Kezako?

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21 mars 2011 1 21 /03 /mars /2011 01:00

Depuis le temps que je suis "en post-doc à l'étranger", quelques thésards proches de la soutenance s'avisent parfois de me demander mon avis sur cette question essentielle: faut-il faire un post-doc à l'étranger après la thèse? La réponse la plus courte qui me vient generalement à l'esprit tient en un mot: non!

 

En un peu plus long: bon, faut voir... Et je vais donc m'étendre ici, puisqu'il semble qu'il soit à la mode de décrier les cassandres dans mon genre qui ont tendance à déconseiller l'expatriation, ou du moins à en souligner les inconvénients. Comme le Piou et Nath, je pense qu'il n'est pas inutile de prendre une décision éclairée en la matière, car vivre à l'étranger, ce n'est pas anodin. Du coup, autant éviter de se jeter à l'eau pour les mauvaises raisons.

De fait, deux légendes tiennent le haut du panier chez les candidats au post-doc à l'étranger: 1/ l'idée qu'en un an* de post-doc, on acquiert une experience fantastique qui enflamme un dossier CNRS ou MCF pour obtenir un poste en France et 2/ l'idee qu'en un an* de post-doc, on devient miraculeusement bilingue et expert pour rédiger des papiers en anglais.

Donc clairement, si le but du post-doc à l'étranger peut etre résumé par les propositions 1/ et/ou 2/, il est urgent de s'abstenir. 

A part dans quelques cas particuliers (assez rares, ce n'est pas le sujet du jour), faire un post-doc à l'étranger n'aide pas à obtenir un poste en France, c'est même plutôt le contraire! Les obstacles principaux sont les suivants:
- éloignement des comités et des sources d'info officieuses au quotidien
- éloignement des lieux d'audition - se rendre disponible sous 6 jours pour une audition MCF à Trifouillis-les-oies est logistiquement plus difficile depuis Tokyo ou même New-York que depuis la bourgade voisine. En plus, des fois, les volcans se reveillent!
- motivation à passer ses vacances en audition et/ou préparation d'audition (rappel: à l'étranger, il est possible que les congés annuels ne dépassent pas 10 jours).
- mauvaise foi des comités qui accusent le candidat de désertion à l'étranger tout en affirmant que cette expérience valorise vraiment son dossier (en option).
 
Ensuite, pour ce qui est de "devenir bilingue" en un an ou deux, il faut essayer de se représenter le quotidien dans un labo entouré de post-docs coréens, chinois, russes, [insérer une nationalité quelquonque] qui au mieux parlent aussi bien anglais que le thésard français moyen. Ben ouais. Bon courage. Moins cyniquement, mon avis de vaguement linguiste qui vit depuis cinq ans dans un pays anglophone ou je suis arrivée en parlant suffisemment bien anglais pour que la langue ne soit un obstacle à aucun moment, c'est qu'on ne devient jamais vraiment bilingue de toute facon. Alors bon...

Et pour finir, le "post-doc de X année(s)". Arff. Je ne connais quasiment personne qui soit resté les X années prévues. Personne. Au mieux, les gens font X+1, voire X+2. Moi j'en suis a X+4, en partance pour X+6. Bon, je le fais un peu exprès aussi, mais c'est pour dire. 

Généralement, arrivé à ce stade de la discussion, la majorité des impétrants jettent l'éponge. Pour les autres, rajoutons encore une couche:
- Le choc culturel, ca choque! Sans blague, meme dans une culture pas si eloignée de la notre, en parlant la langue sans problème, on est au moins un petit peu secoué. Partant de la, j'ai un immense respect pour ceux qui osent
partir dans un pays radicalement différent avec pour tout bagage quelques rudiments de langue. Evidemment, on peut toujours se recréer un microcosme franco-français sur place, mais en tant que post-doc, ca me parait quand même difficile d'échapper complètement à la vraie vie locale.
- la distance, le décalage horaire et le cadre culturel peuvent vraiment éloigner de la famille et des amis, malgrè Skype et cie
- Ces deux points se déclinent à l'infini sur des aspects du quotidien aussi essentiels que: l'éthique de travail, les vacances, le système de santé, les congés maladie/maternité, le chomage, la gastronomie, j'en passe et des meilleures...
- Dans l'éventualité d'un retour en France, attention aux conséquences de la sortie du système français, en particulier sécu et retraite, même pour quelques années "seulement".
- Et surtout, avoir une idée théorique de ces choses, ce n'est pas du tout pareil que de les vivre au quotidien, Pendant un an. Deux ans. Cinq ans.  

A part ca, pour ceux qui ne sont pas encore complètement écoeurés, vivre à l'étranger ça peut-etre sympa! Dans le cadre d'un post-doc:
- c'est possible de faire choses très intéressantes scientifiquement et professionellement
- c'est possible d'avoir accès à beaucoup de moyens et d'infrastructures pour sa recherche
- c'est possible d'avoir des perspectives d'avenir qu'on n'aurait pas eues en France
- c'est probable de découvrir un pays sympa avec sa culture locale
- c'est tres probable de faire des progrès dans la langue du pays (heureusement, hein!)

 
* dans mon domaine, les post-docs ont (avaient?) tendance a etre assez courts.

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